Le Bois Verre

Le Bois Verre

Savoir-Faire


Les Gravures

LES GRAVURES

 

 

 

Les gravures sont l’une des formes les plus antiques d’expression artistique. Dessiner, gratter, frotter, creuser, depuis la préhistoire, les hommes de toutes les civilisations ont eu l’envie de laisser des inscriptions sur tous les supports qui les entouraient : parois des cavernes, surfaces argileuses…

L’utilisation de la gravure se développe avec la naissance de l’estampe. L’estampe est une image dessinée et gravée sur une matrice en bois, en métal ou en pierre, imprimée en un ou plusieurs exemplaires sur un support généralement en papier grâce à un procédé d’encrage et d’impression.

L’estampe a été inventée en Chine au début de notre ère en même temps que le papier. Des images religieuses et des portraits de bouddha ont ainsi pu être multipliés.

Au 9e siècle en Asie, des blocs de bois gravés servent de matrice pour imprimer des tissus. En occident, l’estampe a existée dès la vulgarisation de l’emploi du papier. Vers la moitié du 14e siècle, dans toute l’Europe, les premières xylographies, imprimées sur papier, sont diffusées. Elles illustrent des passages de la Bible, des épisodes de la vie du Christ, et de la vie des saints. Elles sont le plus souvent réalisées dans les monastères par des artisans anonymes. On utilise aussi la gravure pour imprimer des cartes à jouer : en Allemagne en 1377 et en Italie en 1379.

Il existe deux types de gravures : la gravure en relief et la gravure en creux.

 

 

 

 

La gravure en relief

 

La gravure sur bois est à l’honneur dès la découverte de l’imprimerie par Gutenberg en 1453. Cette technique consiste à creuser le bois pour réserver les blancs représentant les parties lumineuses de l’estampe, et les parties de la matrice laissées en relief sont en duites d’encre pour être reproduites sur le papier. On distingue gravure sur bois de fil et gravure sur bois de bout. Il s’agit dans les deux cas d’une gravure en taille d’épargne où le relief est épargné.

 

 

  • Gravure sur bois de fil

Cette technique est utilisée au 16e siècle en Europe. Les bois utilisés sont généralement des arbres fruitiers au bois homogène : pommiers, merisiers, cerisiers. Ces planches sont découpées dans le sens du fil de la fibre du bois.

 

 

  • Gravure sur bois de bout

Au 19e siècle, l’Homme, toujours en quête de perfection, désire obtenir plus de précision et plus de rapidité dans le tirage des gravures. C’est la naissance d’une nouvelle technique : la gravure sur bois de bout. Le buis, bois extrêmement dur, est débité en tranches. Seul le cœur est conservé. La petitesse du morceau ainsi obtenu nécessite l’assemblage des cubes de bois pour former une surface homogène permettant un détourage d’une extrême finesse. La planche est soigneusement rabotée et poncée. Une fois la planche entièrement gravée, l’artiste passe un rouleau chargé d’encre sur le relief de la face travaillée. Il applique une feuille de papier et exerce une forte pression verticale. Il suffit alors de relever la feuille et le tirage est terminé. Dans le cas d’une gravure à plusieurs couleurs, le procédé d’impression est le même mais une planche sera nécessaire par couleur.

 

 

 

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Gravure sur bois

La Rivière le Soir de Louis-Joseph SOULAS en 1935

 

 

 

 

  

  • La linogravure

La gravure sur linoléum est longtemps utilisée pour illustrer les livres à grands tirages, elle a peu servi pour des œuvres originales. Le lino est plus homogène, plus tendre, et surtout plus souple que le bois. La technique de taille est semblable à la gravure sur bois. Le caractère propre de la linogravure est d’opposer fortement les noirs et les blancs. Les traits sont moins précis et plus larges que la gravure sur bois.

 

 

 

 

 

 

La gravure en creux ou taille douce

 

 

En 1452, l’artiste florentin, Maso Finiguerra réalise la gravure d’une paix sur une plaque d’argent. Afin de garder une trace de son travail, il a l’idée de remplir d’encre les creux de cette ciselure pour la reporter par frottement sur une feuille de papier. Dès la Renaissance, le technique de gravure sur métal, utilisée par les armuriers et les orfèvres, est adaptée à la gravure d’estampes. La gravure permet de reproduire et de diffuser en grand nombre des images. Les 1eres reproductions auront pour thème la religion, puis apparaîtront des traités sur l’art, des portraits de grands personnages, des évènements importants (couronnement du roi, vie à la cour …).

La gravure en creux peut être directe ou indirecte.

 

 

 

 

 

  • La gravure au burin (gravure directe)

Le dessin à graver doit être reporté à l’envers sur une plaque de métal. L’artiste utilise un burin, solide tige d’acier de section carrée ou en losange. Le burin est poussé et creuse un sillon plus ou moins profond. A chaque sillon correspond un trait d’encre sur l’estampe. Une fois l’œuvre aboutie, le cuivre gravé est confié à l’imprimeur.

 

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Gravure au Burin

Le siège du château de Horst de Frans Hogenberg (1950)
 

 

 

  • La gravure à la pointe sèche (gravure directe)

La pointe sèche est la plus simple pour graver le métal. Il suffit d’une plaque polie et d’une pointe en acier très dur. Le graveur dessine sur cette plaque en rayant sa surface avec plus ou moins de vigueur. Le métal sera plus ou moins arraché. Chaque trait creusé sera entouré de barbes qui donnent aux pointes sèches un aspect très particulier d’enveloppement de la ligne. L’encre, au tirage, remplie les creux, et accroche les barbes. Le résultat sera, sur l’estampe, un trait flou, un noir velouté.

 

 

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Gravure à la pointe sèche

Moisson à Darvoy de Jeanne Champillou

 

 

 

 

  • La gravure à l’eau forte (gravure indirecte)

La plaque métallique est recouverte d’un vernis. Le graveur dessine sur le vernis avec une pointe d’acier faisant apparaître le métal. La plaque est plongée dans un bain d’acide (acide nitrique et acide azotique) dilué avec de l’eau. Cet acide mord le dessin non protégé de vernis, et creuse ainsi la plaque de métal comme le faisait le burin. La plaque est rincée à l’eau, puis le vernis est enlevé avec un dissolvant. Puis la plaque est encrée et tirée pour une épreuve d’état. Toutes ces opérations peuvent se répéter autant de fois cela semble nécessaire à l’artiste. Les traits gravés à l’eau forte sont mous et les contours irréguliers.

 

 

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Eau forte

Dragueurs en Loire de Jeanne Champillou en 1935

 

 

 

  

 

  • L’aquatinte (gravure indirecte)

C’est aussi un procédé de gravure à l’eau forte, mais avant de plonger la plaque dans l’acide, on recouvre certaines parties de la surface avec de la poussière ou des grains de résine. La plaque est ensuite chauffée et la résine adhère solidement au métal. L’acide mord où il n’y a pas de points de résine et creuse tout autour un petit réseau de cratère. Il met à vif un réseau grainé qui retiendra l’encre. Pour obtenir différentes valeurs de gris, on fait varier la durée de plongée de la plaque dans l’acide. Cette technique a été très utilisée par le peintre espagnol Goya.

 

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Aquatinte de Karl Bodmer

 

 

 

 

  • La manière noire (gravure directe)

Cette technique a pour origine la Hollande, puis elle se développe au 18e siècle en Angleterre. C’est un procédé de gravure à l’eau forte dans lequel le graveur fait apparaître le motif désiré en clair, avec toutes les gammes possibles de demi-teintes, sur un fond noir obtenu par grainage à l’aide d’un berceau (ciseau d’acier à longue lame courbe aiguisée en peigne se terminant par une multitude de petites dents triangulaires et aigues). Ainsi préparée et encrée, cette planche donne une épreuve absolument noire. Puis avec un racloir, un ébarboir et un brunissoir, le graveur en lève ou écrase le grain afin d’obtenir des gris, et en repolissant la plaque, des blancs. Les noirs des épreuves sont très profonds, soyeux, et d’un aspect velouté inimitable. Cette technique donne de très belles reproductions de Rembrandt, Rubens et Reynolds.  

 

 

 

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Portrait de la Princesse Amélie-Elisabeth de Hesse par Ludwig Von Siegen en 1642

 

 

 

 

 

 

Procédés d'impression en applat

 

La matrice n’est gravée à aucun moment dans la réalisation de ces estampes. On parle donc d’impression en aplat.

 

 

 

  • La lithographie

C’est une technique d’impression fondée sur la répulsion réciproque de l’eau et des corps gras. Une pierre calcaire, parfaitement plane, reçoit un dessin au crayon lithographique – crayon gras constitué de cire, de mastic et de noir de fumée. Une fois le dessin réalisé, on étend sur la pierre de la gomme arabique qui fixe les corps gras et transforme les surfaces non désirées en nitrate de chaux qui absorbe l’eau plus facilement. Au tirage, la pierre est successivement mouillée à l’éponge et encrée au rouleau avant l’impression de chaque épreuve. L’encre d’impression légèrement grasse n’adhère qu’aux endroits dessinés qui refusant l’eau sont restés secs. Une feuille de papier est placée sur la pierre lithographique encrée, et le tout est passé sous presse. La lithographie, découverte au 18e siècle par Senefelder en 1796 et perfectionnée par Engelman en1837, fût considérée à l’origine comme un moyen simple, économique et rapide de reproduction. Elle accompagne l’histoire de l’illustration, de la publicité et du journalisme jusqu’à l’arrivée des techniques de photomécanique. De nombreux artistes du 19e et du 20e siècle comme Gavarni, Toulouse-Lautrec, Bonnard ou Picasso, utilisèrent la lithographie en exploitant les possibilités techniques et la franchise d’impression.

 

 

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Au Moulin-Rouge : la Goulue et la môme Fromage, une des 1eres lithographies de Toulouse-Lautrec en 1892

 

 

 

  

  • La sérigraphie

C’est un procédé de reproduction issu des techniques de pochoirs utilisés au Japon pour l’impression de tissus. Une soie est tendue sur un châssis, et est recouverte d’un vernis aux endroits qui resteront blancs au tirage. Appliqué sur une feuille de papier ou sur un autre support, le tamis de soie est alors recouvert d’encre avec une brosse ou une raclette. L’encre traverse la soie là où il n’y a pas de vernis. Un tirage en couleur nécessite autant de tamis que de couleurs. La publicité, l’industrie, utilisent la sérigraphie sur toutes sortes de matériaux (papier, tissu, verre, plastique …) ainsi que des artistes comme Warhol ou Vasarely. 

 

 

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 Dyptique Marylin d’Andy Warhol en 1962

 


20/11/2017


Les différentes colles utilisées en encadrement

La colle vinylique

 

La colle vinylique, très utilisée en encadrement, est une colle blanche destinée à coller le bois et tous ses dérivés comme le papier, le carton, le tissu ... Pour des raisons de séchage, une des deux matières à coller ensemble doit être poreuse.

 

La colle vinylique est constitué de polyacétate de vinyle et d'eau et de vient transparente et quasiment invisible après le séchage, ce qui n'est pas négligeable. On peut utiliser cette colle pour habiller un passe-partout en papier ou en tissu. Elle convient aussi parfaitement pour coller des cartons entre-eux, en cartonnage par exemple. Ce type de colle doit être posé à l'aide d'un rouleau mousse pour les grandes surfaces, ou avec un pinceau. Un ancien collage à la colle vinylique peut être décollé avec du vinaigre.

 

La colle doit être conservée dans un endroit frais et sec, à l'abri de la lumière. Si elle s'épaissit avec le temps, on peut rajouter un peu d'eau pour la détendre.

 

 

La colle d'amidon

 

Comme son nom l'indique, cette colle est préparée à base d'amidon, principale réserve en glucide du monde végétal. Elle a de nombreuses qualités :

  • Excellente conservation de la colle une fois sèche.
  • Parfaite réversibilité à l'eau
  • Très bon pouvoir collant, même quand elle est très diluée.

En vertu de ses nombreuses qualités, vérifiées au cours du temps,la colle d'amidon est adoptée dans la plupart des ateliers de restauration en France et à l'étranger, notamment dans le cas de documents de grande valeur.

Elle est vendue prête à l'emploi ou en poudre à préparer. Ses usages sont multiples : doublage, collage des déchirures, renforcement du papier, montage des charnières.

Il existe 3 sortes de colle d'amidon :

  • Colle d'amidon de maïs : elle est généralement prête à l'emploi, et se caractérise par sa viscosité élevée, sa blancheur et sa facilité d'utilisation. 
  • Colle d'amidon de riz : c'est une colle très fluide, et sa blancheur est supérieure à celle de l'amidon de maïs.
  • Colle d'amidon de blé : elle est issue de la tradition artisanale japonaise, et c'est cette version qui est très utilisée en restauration.

 

 

La tylose

 

C'est une colle à base de méthylcellulose. Elle est chimiquement neutre, et réversible. Sa viscosité est élevée à faible concentration, et elle a une très bonne résistance à la dégradation biologique et bactérienne. Comme le papier, elle absorbe l'eau en atmosphère humide, et le libère à l'air sec. Elle est totalement transparente en séchant. Son pouvoir collant est moins fort que celle de la colle d'amidon, mais comme elle est plus souple et sèche moins vite, elle est très appréciée pour certains doublages. On la mélange souvent avec de la colle d'amidon, de manière à obtenir la souplesse de l'une, et le pouvoir collant de l'autre.

La tylose sert pour le doublage, l'assemblage et la préparation de documents en remplacement ou en complément de la colle d'amidon. Elle se présente sous forme de poudre, et on doit la préparer soi-même.

 

 


02/06/2016


De l'écorce du Lokta au Papier Népalais

Que ferions-nous sans ces magnifiques papiers !

 

Le papier népalais est fabriqué à partir du Lokta, un arbuste pouvant atteindre 4 mètres de hauteur, qu'on ne trouve qu'à très haute altitude, entre 1500 et 4000 mètres, principalement dans l'est de l'Himalaya. Selon ses variétés, son feuillage est persistant (perdure toute l'année) ou caduque (tombe en automne). C'est l'écorce de l'arbre qui est utilisé dans la fabrication du papier. Les branches récoltées mettent 4 à 5 ans à se régénérer, l'équilibre écologique étant ainsi préservé, tout en apportant une activité économique aux populations des montagnes.

 

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Les branches récoltées sont acheminées vers les village, après plusieurs jours de marche. Les branches sont pelées à l'aide d'un racloir, et seul l'intérieur de l'écorce est conservé. Elles est trempée pendant 4 à 5 heures dans de l'eau clair pour la ramollir. Elle est ensuite coupée à l'aide d'un couteau tranchant afin d'obtenir des bandes souples et lisses. Celles-ci sont coupées en morceaux de 15 à 30 cm de longueur, puis sont portées à ébullition dans un grand chaudron, avant d'être rincées.

 

L'agglomérat obtenu est pilé à l'aide d'un maillet en bois, pendant plusieurs heures. En résulte une pâte fine où la fibre n'est pas cassée mais seulement broyée et apte à être travaillée.

 

Le processus continue alors avec un nouveau passage dans de l'eau chaude. La pulpe est recueillie, puis déposée dans un tamis en bois, à la surface d'un plan d'eau. Le cadre grillagé est légèrement agité jusqu'à ce que la pulpe soit répartie uniformément pour prendre le chemin du séchage, de 2 à 8 heures selon les conditions climatiques. 

 

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Les feuilles ainsi obtenues sont ensuite acheminées vers des ateliers spécialisés dans la technique des teintes, réalisées à partir de plantes locales. L'écorce de Cassius donne du brun, l'arbuste henné du brun rouge, le genévrier de l'Himalaya du brun clair, l'acacia de l'ocre et du brun rouge, le sapin et l'épicéa de l'aubergine. Ces pigments, sous forme de poudre, sont pesés et mélangés avec de l'eau. Ils sont chauffés et placés dans des seaux pour la coloration. Par équipe de deux, les femmes trempent les feuilles dans les pigments, puis les étalent sur des plaques en métal. Les feuilles sèchent pendant 2 à 4 heures au soleil.

 

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Commencent ensuite le conditionnement et les voyage des feuilles dans le monde entier. 

 

En raison de sa fabrication entièrement artisanale, chaque feuille de papier népalais est unique, tant au niveau de sa couleur que de sa texture. C'est ce qui lui confère un succès inégalé.

 

 


29/05/2016